L’Autorité de contrôle britannique Information Commissioner's Office (ICO), a annoncé son intention d'infliger à British Airways une amende de 183 millions de livres sterling (équivalant à 243,47 millions d'euros).
Ceci représente 1,5 % du chiffre d'affaires total de l'entreprise pour l'exercice 2017. Il s’agit d’une proposition d’amende. Cela signifie que British Airways a désormais la possibilité de prendre position et de formuler ses observations sur les conclusions, l'enquête et l'amende proposées par l'ICO.
Le déclencheur qui a donné lieu à l'amende du RGPD proposée par l'ICO est une cyberattaque contre la compagnie aérienne britannique. Depuis juin 2018, les cybercriminels redirigent le trafic du site officiel de British Airways vers un autre site frauduleux. Ainsi, les cybercriminels auraient obtenu des données personnelles d'environ 500 000 clients. C'est ce que l'enquête de l'ICO a révélé.
L’ICO a entamé l'enquête après avoir reçu une notification de la part de la compagnie aérienne portant sur l'atteinte à la protection des données en septembre 2018. L'enquête a révélé que différentes catégories de données personnelles avaient fait l'objet de fuites. Il s'agissait de données telles que les données de connexion, de réservation, de nom et d'adresse, mais aussi de données financières telles que les dates d'expiration et le code CVC à trois chiffres de la carte de crédit. Toutefois, British Airways indique sur son site Web qu'aucune donnée d’itinéraire ou de détail de passeport n'a fait l'objet de fuites.
L'étude sera menée par l'ICO en tant qu'autorité de contrôle principale dans le cadre du mécanisme du guichet unique. Ce mécanisme implique que l'autorité de contrôle de l’établissement principal dans l'UE mènera l'enquête et coopérera avec les autres autorités de contrôle à cette fin. Ces autorités pourront également formuler des observations sur l'amende proposée avant que l'ICO n'impose une amende finale.
Le RGPD prévoit qu'une amende administrative ne peut excéder 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial total réalisé au cours de l'exercice social précédent par l'entreprise concernée (article 83 du RGPD). L'amende de 183,39 millions de livres sterling (soit 243,47 millions d'euros) proposée par l'ICO est égale à 1,5% du chiffre d'affaires annuel de British Airways en 2017. L'amende proposée se situe donc dans les limites fixées par le RGPD, mais il s'agirait de l'amende la plus élevée infligée à ce jour par une autorité de contrôle. Cette amende potentielle équivaut à quatre fois l'amende infligée à Google plus tôt cette année par la CNIL.
En tout état de cause, l'ICO devrait tenir compte des éléments de l'article 83 du RGPD pour le calcul de l'amende. Elle prévoit également que toute amende doit être effective, proportionnée et dissuasive. Toutefois, l'ICO n'a pas encore fourni d'informations sur le calcul exact de l'amende, mais les éléments suivants nous semblent pertinents pour ce calcul :
Selon l'ICO, British Airways a participé à l'enquête et la compagnie aérienne a depuis lors amélioré son système de sécurité, mais cela s'est révélé insuffisant pour convaincre l'ICO.
Dans l'intervalle, British Airways a communiqué qu'elle était surprise et déçue par l'amende proposée par l'ICO. Selon le PDG, l'entreprise a réagi rapidement au vol des données de ses clients. Dans la même communication, International Airlines Group - le groupe auquel British Airways appartient - a déclaré ne pas approuver l'amende proposée par l'OIC. Elles prendront toutes les mesures nécessaires pour défendre la position de l'entreprise et, le cas échéant, pour faire appel contre l'amende.
Reste à voir si l'ICO tiendra bon et imposera réellement cette amende monstrueuse. En attendant, les consommateurs concernés peuvent trouver toutes les réponses à leurs questions sur le site web de British Airways.